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11  ATTAQUE D'URVILLERS

Le 27 septembre, au matin, le régiment, après avoir relevé le 39emee, est en ligne à l'est d'Essigny, avec le 2eme bataillon (Gey) à droite, le 1er bataillon (Stiot) à gauche.

Le 28, des reconnaissances ,sont poussées jusqu'aux avant-postes ennemis en avant d'Urvillers et une attaque est ordonnée pour le lendemain, à 10 h 30. Les reconnaissances et les photographies ont fait ressortir que la position à enlever est extrêmement forte. Elle comprend plusieurs lignes de défense, d'excellents flanquements et des réduits à l'intérieur du village.

Le 29, l'infanterie, pleine d'entrain, s'élance à l'assaut. Le bataillon de gauche est presque aussitôt arrêté par un violent barrage ennemi. La progression est poursuivie immédiatement et avec une remarquable énergie, bien que très gênée par le feu de très nombreuses mitrailleuses ennemies établies au nord et près de la route Clastres-Urvillers.

Le bataillon de droite avance brillamment, atteint le village qu'il déborde par le sud-est, faisant de nombreux prisonniers. A midi 30, il a atteint le Nouveau-Monde, où il est fixé par une très forte résistance ennemie.

Le bataillon de gauche est découvert sur son flanc. Le régiment de droite de la division voisine, qui doit l'appuyer pour une attaque d'Essigny vers le nord, en direction des cotes 88 et 109, n'a pu déboucher. Il parvient, avec les plus grandes difficultés, a atteindre les abords d'Urvillers. Il se heurte à de nombreux nids de mitrailleuses et à une résistance acharnée de l'ennemi, auquel il fait éprouver des pertes sérieuses ; lui-même en subit de graves.

Le bataillon de soutien reçoit l'ordre, à 15 heures d'envoyer une compagnie pour renforcer entre les deux bataillons. Cette compagnie n'était, pas encore en place quand, à 15 h 15, se produit, sur le bataillon de droite, une brusque contre-attaque des plus violentes, accompagnée de flammenwerfers.

Les deux compagnies de tête du bataillon de droite, en présence de la supériorité de l'effectif et des moyens de l'ennemi, perdent la partie nord du village, mais s'accrochent à sa partie sud-est, où elles se maintiennent coûte que coûte, avec un courage digne de tous éloges.

Jusqu'au soir, des tentatives sont renouvelées, avec un véritable héroïsme, pour reprendre le terrain qu'il a fallu céder ; toutes se brisent devant les mitrailleuses nombreuses que 1'ennemi a installées au milieu du chaos du village détruit, qui ne constitue qu'une série de trous d'obus et de mines.

L'obscurité est arrivée.

Au cours de cette journée, l'attitude des deux bataillons, spécialement du 2eme, a été superbe. Le 1er bataillon a été très éprouvé par cette lutte contre les mitrailleuses, lutte qui s'est traduite par des corps à corps répétés où ont succombé de nombreux officiers et gradés (sous-lieutenant de Reboul, sous-lieutenant Dubois, sous-lieutenant Maugenest, lieutenant Rouer, lieutenant Besson, adjudant Auclair). Malgré tout, il a tenu et a gagné peu à peu du terrain, brisant la résistance opiniâtre d'un ennemi puissamment organisé et sachant profiter des très sérieux avantages que lui donnait le terrain.

Plus de trois cents prisonniers ont été capturés, le 29 septembre, et un grand nombre de cadavres recouvrent le terrain. En outre, un très important matériel, dont plusieurs minenwerfers, est resté entre nos mains.

Dans le courant de la nuit du 29 au 30, l'ennemi a encore renforcé sérieusement ses moyens de défense. Il a tenté, par plusieurs fois, de déloger nos bataillons de la partie du village où ils sont accrochés. Mais l'énergique résistance des nôtres a fait échouer tous ses efforts. Dans la partie sud-ouest du village, en particulier, le sous-lieutenant Maugenest a défendu, dans une lutte acharnée, le chemin creux où il a pris pied, a tenu tête, avec une poignée d'hommes, à des attaques en nombre et y a succombé glorieusement avec la plupart de ses hommes.

Dès le point du jour, de nouvelles mitrailleuses se dévoilent à la sortie de nos premières patrouilles.

Pendant la journée du 30, de nouvelles tentatives sont faites pour s'emparer de vive force du village ; malgré leur vigueur, elles se heurtent à une vive résistance d'un ennemi averti et ne peuvent réaliser que des gains partiels.

Au cours de la nuit suivante, nos éléments infatigables, progressant pied à pied, parviennent à occuper toute la partie est d'Urvillers. Un dernier effort nous rend maîtres de la totalité du village et, poussant résolument de l'avant, le 2eme bataillon atteint le Nouveau-Monde.

Grâce au progrès du bataillon de droite, le bataillon de gauche, dont le mouvement est, depuis deux jours, constamment ralenti par des feux de flanc venant de l'ouest, progresse à son tour et en fin de journée, le régiment occupe l'objectif final assigné : l'ancienne première ligne française, entre la Croix brisée et le bois de la Source.

L'occupation définitive d'Urvillers a permis de constater l'organisation sévère de ce point d'appui dont la possession ne fut arrachée à l'ennemi qu'au prix de très durs efforts et de lourdes pertes.


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