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6  ATTAQUE ALLEMANDE

dirigée, le 19 décembre 1917, sur le front
de la 1ere compagnie du 29eme régiment d'infanterie
Four de Paris
.
Pendant toute la journée du 18 décembre, un bombardement systématique, par grosses torpilles et par obus, est dirigé principalement dans la région des groupes de combat 2 et 3, sur les deux pentes du ravin des Meurissons.

Ce bombardement semblant présager une attaque sur la lere compagnie du 29eme qui occupait ce front, des dispositions judicieuses sont prises immédiatement pour parer à toute éventualité : renforcement des mitrailleuses en face des points menacés, renforcement de la section de réserve, vérification des liaisons optiques et des relais de fusées, établissement d'une chaîne de coureurs, avertissement donné à l'artillerie, liaison latérale assurée avec le régiment de droite (248ere), dont certains engins peuvent flanquer efficacement notre, ligne ; certains postes trop exposés sont évacués, les consignes d'alerte sont revues, le réapprovisionnement en munitions est assuré.

Tous les hommes, prévenus et confiants dans leurs chefs, attendent résolument l'attaque.

La soirée se passe dans le calme.

Le 19 décembre, à 4 h. 20, un violent bombardement de torpilles et d'obus, entremêlés de projectiles à gaz, est déclanché sur la première ligne, depuis le groupe de combat 1 jusqu'au ravin des Meurissons. Des Allemands sont entendus s'approchant des réseaux en partie détruits, vers les groupes de combat 1 et 2 ; un barrage nourri de grenades et de V. B. appuyé par les mitrailleuses et les fusils mitrailleurs, interdit à l'assaillant d'aborder la ligne.

Le barrage d'artillerie s'est déclanché en même temps à la demande des fusées.

Au bout d'un quart d'heure, l'ennemi semble avoir renoncé à son entreprise. Le calme est rétabli.

Mais le chef de bataillon juge, avec raison, que les préparatifs de la veille semblent annoncer autre chose que cette première attaque avortée. Il rend compte au colonel qu'il resserre encore ses moyens de défense et que la compagnie reste tout entière alertée. L'artillerie est également tenue en éveil. En effet, à 6 h. 20, un nouveau barrage, beaucoup plus violent que le premier et agissant aussi par grosses torpilles, s'abat sur une zone plus large, dessinant nettement un encagement encadrant la lere compagnie, qui va avoir à soutenir le choc d'une attaque.

Les Allemands, soit à la faveur du premier bombardement, soit à la fin de la nuit, se sont rapprochés de nos lignes et, autant qu'on a pu en juger se sont établis en trois fractions, à proximité des groupes de combat 2, 3 et 4.

Au premier coup de barrage, on entend distinctement le commandement de «Vorwaertz» et les trois fractions se portent simultanément à l'attaque. Mais la compagnie ne se laisse pas surprendre.

Tous les moyens mis en jeu la première fois entrent de nouveau instantanément en action. L'ennemi, qui a pu aborder notre première ligne dans quelques parties passives, entre les groupes de combat, ne peut s'y maintenir et est obligé d'abandonner la lutte. Les cris entendus des blessés montrent qu'il a eu à souffrir de notre feu et que nos grenadiers vigilants, nos fusiliers mitrailleurs et nos mitrailleurs ont su ajuster leur tir. Le terrain reste jonché de nombreux pilons abandonnés dans la retraite. Une patrouille faite dans la nuit suivante les rapporte, ainsi que la tresse qui a servi à guider les assaillants.

De notre côté, la lere compagnie avait deux hommes tués, un officier et sept hommes blessés.

Si cette double attaque a complètement échoué, on peut dire que c'est grâce aux dispositions prises par le commandant de la compagnie, à la vigilance des guetteurs, au sang-froid de tous les hommes qui, mis en confiance par l'exemple de leurs chefs, ont attendu l'ennemi avec la plus belle assurance. La lere compagnie du 29eme a témoigné, dans cette circonstance, tant par la qualité de ses cadres que par la cohésion de la troupe, qu'elle constitue une remarquable unité de combat.
(Compte rendu adressé au commandement.)


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